Le setmining, qu’est-ce que c’est ? Et bien tout simplement l’action d’investir de l’argent préflop avec une petite paire dans le but, et le but unique, d’améliorer un brelan pour prendre un maximum de jetons (ou d’argent) à son adversaire.
Si le principe est simplissime, le setmining est un move très mathématique et qui demande de la précision sous peine de réaliser un investissement qui ne sera pas rentable sur le long terme. En effet, notons tout d’abord que l’on ne touchera son brelan que 11-12% du temps et que, par conséquent, on va être amené à devoir abandonner très souvent au flop, si ce n’est toutes les fois où l’on n’améliore pas. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte lorsque l’on envisage d’aller voir un flop avec une petite paire.
Le risque/récompense potentiel (côte implicite)
Il s’agit de calculer rapidement le rapport entre l’argent à investir et le nombre de fois potentiel qu’il sera possible de multiplier son investissement. Par exemple en Cash-game, si un joueur ouvre 3bb lorsque tout le monde en a 100 ou plus, on peut aisément calculer que destacker un joueur permettra de faire au moins x33 la somme investie. En revanche, en tournoi, un joueur qui minraise avec 20 blindes devant lui ne nous permettra de ne faire que x10 (sauf si l’on défend sa big blind, auquel cas jusqu’à x20).
La probabilité de voir le flop
Si plusieurs joueurs restent encore à parler, c’est autant d’occasions de squeeze qui seront offertes à nos adversaires, et autant de possibilités de nous priver de voir le flop. Si UTG raise et que je paye UTG+1, c’est 6 à 8 adversaires qui peuvent nous empêcher de voir le flop d’une manière ou d’une autre.
La position
Evidemment, le fait de parler en dernier postflop permettra de destacker plus facilement un joueur qui a une main, de même qu’être hors de position nous rendra plus lisible et permettra à l’adversaire de limiter la casse dans bien des cas.
Le niveau adverse
De la même manière plus l’adversaire est bon postflop, plus il sera difficile de ne pas lui faire comprendre qu’il est battu, et plus il est mauvais, moins il se posera la question.
La force de la main adverse
Encore une fois, jouer contre une range tight d’un joueur nit en early position augmentera la probabilité qu’il ait une vraie main dont il aura du mal à se défaire, tandis que jouer contre la range loose d’un joueur agressif au bouton ne nous permettra le plus souvent de ne prendre qu’un peu de value sur ses bluffs et rarement une cave ou un buy-in entier. D’ailleurs dans ce dernier cas on peut envisager de jouer notre petite paire, pas seulement pour toucher son set, mais aussi bluffcatcher avec une paire.
Ajoutez à ça qu’il faut prendre en compte dans le calcul les fois où l’on fait set mais où l’on perd quand même le coup, parfois une cave entière : random bad beat overpair qui fait brelan turn ou river, set over set, tirage qui rentre pour l’adversaire, etc.
Conséquemment, en tournoi je recommande la règle suivante qui permet de prendre en compte tous ses facteurs : payez pour voir le flop si vous pouvez faire 15 fois votre investissement en position ou 20 fois hors de position. Allez jusqu’à 20 fois en position et 25 fois hors de position si vous ne fermez pas l’action et que de nombreux joueurs sont susceptibles de vous empêcher de voir le flop.
A propos de l’auteur : Jonathan Perin, alias Bandecdc, est un joueur passé professionnel de poker en 2016 après une courte carrière dans la finance d’entreprise. Il est spécialisé dans les tournois à petit ou moyen buy-in (de 5€ à 30€). En aout 2016, il rejoint l’équipe de coach de Yohviral.fr et s’occupe aujourd’hui du Club Padawan pour la partie tournoi.
Bandecdc