Récit de Jonathan Salamon : partie 4 : Qui trop embrasse mal étreint

Publié il y a 6 ans par Jonathan Salamon Catégorie : (Re)devenir pro par Jonathan Salomon
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Je pensais à ce proverbe l’autre jour. J’étais à l’anniversaire d’un pote à qui je racontais tous mes projets, le poker, la psychologie, l’écriture, la vidéo, tout ça… et il a réagi :

«  Tu n’as pas peur qu’à force de vouloir entreprendre tellement de choses en même temps, tu perdes ta concentration, ton efficacité, que tu n’aies pas le temps tout simplement, et que tu ne puisses être vraiment bon nulle part ? »

Et j’avoue que c’est une question que je me suis déjà posée plusieurs fois. Je me suis fixé un objectif compliqué en tentant l’aventure du poker professionnel et, comme si ce n’était pas suffisant, j’ai décidé en parallèle d’y ajouter une reprise d’études, de sport, et la pression de témoigner de tout cela publiquement.

Individuellement, chacun de ces défis est déjà plutôt exigeant. Est-ce-qu’à vouloir les monter tous ensemble, je ne suis pas entrain de mettre tout l’édifice en péril ? Est-ce que comme au poker, je vais réaliser qu’à vouloir aller trop vite, je risque de tilter, et donc de perdre du temps ?

Jusqu’à présent, tout cela n’était qu’une question encore un peu abstraite. Des mots sur du papier. Je me disais que je verrais bien comment les choses se passent au moment où les cours commenceraient.

Les cours ont commencé la semaine dernière. Les hypothèses théoriques se sont traduites en temps et en actes. Et les faits ne sont pas rassurants.

Les études de psycho sont beaucoup plus exigeantes que ce que j’avais anticipé. Pas pour leur difficulté intrinsèque, mais plutôt parce que je suis passé directement en deuxième année. C’était plutôt une bonne nouvelle dans l’absolu, sauf que je me retrouve dans des cours de statistiques, de méthodologie, de psychométrie où j’ai manqué deux semestres de programme, et qu’évidemment, je ne comprends pas tout.

Ensuite, parce que sans même aborder le sujet de la difficulté des études, il y a une simple question temporelle qui pose problème : j’ai une trentaine d’heures de cours par semaine. Si l’on y ajoute un minimum de travail personnel, ce sont 40 heures hebdomadaires que je dois consacrer à mes études. L’équivalent du temps plein que j’occupais dans ma boîte d’archi.

Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Ayant écouté les ouï-dire de mon entourage, je m’étais imaginé que les études à la fac occuperaient une sorte de mi-temps tranquille, et que je pourrais consacrer la seconde moitié au poker, mais j’ai vite réalisé en voyant mon emploi du temps que ce ne serait pas du tout le cas. Ce sont désormais les études qui vont complètement organiser ma vie, et toutes mes autres activités en seront les satellites.

Je n’ai de libre que le soir, le mercredi après-midi, le weekend, et les vacances scolaires. C’est dans ces quelques créneaux que je dois réussir à caler : 


  • Le poker. Aussi bien le travail sur mon jeu, le coaching que le grind.
  • Le sport que j’ai enfin repris sérieusement après des mois d’arrêt, et que j’aimerais garder tant je vois ses effets bénéfiques.
  • La formation en psycho que j’avais entamée en parallèle de mon boulot et qui n’a rien à voir avec la fac, qui m’occupe 26 jours par an.
  • L’architecture, où je vais continuer à mener quelques projets à mon compte.
  • Et les articles + vidéos que je fais désormais 3 fois par mois pour Yoh Viral


Au moment où j’écris ces mots, je me sens un peu... Comment dire… Submergé.

Et à l’idée de la montagne de travail qui m’attend durant les quatre prochaines années, je crois que je suis déjà épuisé…

Alors certes, les cours sont très intéressants. La psychologie du développement sur l’acquisition du langage. La psychologie sociale sur l’effet Pygmalion (je vous conseille de googler, c’est passionnant). C’est exactement le genre de sujet qui m’a toujours captivé et que j’aurais adoré étudier à 18 ans.

Pourtant, il y a cette petite voix dans ma tête qui se demande si le jeu en vaut la chandelle. Si le retour sur investissement, pour reprendre un terme de poker, est bon. Et si j’en ai envie tout simplement. Si j’ai envie de faire passer le poker et tout le reste en second plan.

J’ai toujours aimé l’école. Toujours aimé apprendre. Je devrais être ravi de retourner sur les bancs de l’université, sept ans après avoir quitté le système scolaire. Mais cette fois-ci c’est différent. Même au milieu des cours les plus intéressants, je n’arrive pas à être totalement dedans.  Il y a une certaine retenue. C’est un peu le même sentiment qu’au moment où j’arrêtais mon boulot d’archi il y a quelques semaines : je me sentais enfin libre, mais mon enthousiasme était entravé par l’idée de l’ampleur de la tâche qui m’attendait.

Peut-être n’est ce qu’une question de temps. Au final, toutes les appréhensions que je ressentais par rapport à mon changement de vie ont aujourd’hui disparu. Il pourrait se passer exactement la même chose avec cette reprise d’études. Peut-être n’est-ce qu’une question de bonne organisation et que d’ici quelques semaines, je serais parfaitement rodé, j’aurai ma routine et pourrai dérouler. 

A l’heure actuelle en tout cas, je n’arrive pas à tout faire.

Si j’ai effectivement cuisiné 2 recettes, je n’ai réussi à remplir mes objectifs ni en sport, ni au poker. En  cette semaine de rentrée, je n’ai joué que 6500 mains, alors qu’en août, au moment où j’avais atteint mon rythme de croisière, j’en faisais 12000 sur la même période. Et sur les deux dernières semaines, je n’ai atteint que le seuil des 20000 mains, alors que je m’en étais fixé 25000. Tout ça est à attribuer évidemment à un manque de temps, et à une grosse fatigue cumulée sur aout et début septembre qui a fait que j’ai préféré me préserver un peu plutôt que jouer des sessions crevé. ( Ne pas oublier : à vouloir aller trop vite, on perd du temps)

Pour ce qui est des résultats en revanche, c’est un bilan relativement positif :

- La première bonne nouvelle, c’est que je suis fier de pouvoir dire que je crush définitivement la NL25 avec un winrate de 7b/100 sur les 38000 dernières mains. 

Je m’y sens désormais vraiment confortable. Je connais bien les reguliers, je joue ce qu’il faut de solide, et ce qu’il faut de bluff dans les bons spots. J’ai vraiment réglé mon problème de mental, tout va bien.

 

- L’autre bonne nouvelle, c’est que du coup ma bankroll m’a permis de shoter la NL50 !

J’y ai fait deux tentatives. La première, que j’ai eu l’excellente idée de lancer à 2h du matin après 4 heures d’une session, certes bonne, mais où j’avais tout juste atteint le palier nécessaire pour monter. Résultat, je me suis fait laminer. A la fois scared money (effrayé par la valeur de la mise de départ) et pas très frais, j’ai perdu mes 4 caves ( soit 8 caves de 25 :/ ) en une heure dans des spots que j’ai honteusement mal joué.

La main qui m’a causé le plus de regrets. Contre deux récréatifs, je me foire complètement niveau sizing préflop et flop. J’ai un bet évident turn mais je check back car je suis scared money. River est peut-être la street la moins mal jouée mais évidemment le showdown fait mal…


Echaudé par cette expérience, et après avoir perdu quatre jours à regrinder en 25 pour pouvoir remonter les caves que j’avais livrées, j’ai voulu éviter de reproduire les mêmes erreurs. Nous en avons discuté avec mon coach mental, Antoine, ainsi que Bapor, et j’ai donc tenté mon deuxième shot dans de meilleures conditions : en début de session, un vendredi matin pour profiter du bon créneau horaire (alors que j’avais la bankroll pour monter depuis le mercredi), avec une bankroll un peu plus haute que le palier que je m’étais donné originellement, et de manière progressive, c’est à dire avec 2 tables de 25 et 2 tables de 50.

Résultat, ca s’est beaucoup mieux passé. Et même si après 7000 mains, je suis toujours breakeven, le rake back et les quelques tables en 25 que j’ai jouées en parallèle me permettent désormais d’être confortablement installé en 50 sans craindre de devoir redescendre dans l’immédiat.

Pour ce qui est du niveau en 50, j’ai déjà posté quelques mains dans la dernière vidéo, où je montre à quel point certains des réguliers sont agressifs. Clairement, c’est un degré au dessus des mecs assez ABC que j’avais l’habitude d’affronter en 25. Est-ce qu’ils m’ont taggé comme montant de limite, donc scared ? Est-ce qu’ils ont des reads sur moi ? Je ne sais pas, mais toujours est-il que je me fais maltraiter par quelques un, qui s’obstinent à me sur-relancer à des fréquences très élevées, à mettre 3 barrels quand j’ai 2e paire, et qui évidemment abandonnent après le cbet quand je touche full…

Heureusement, il reste mon grand talent pour toucher des brelans contre double paire dans les pots 4bets 150 bb deep:

Qu’il est bon de payer un tapis avec 99,8% de chance de gagner

Bon, j’aurais pu vous montrer des mains un peu plus techniques, mais avec mon petit échantillon, il est encore un peu tôt pour vraiment parler de la 50 en détail. Je suis encore dans la phase de découverte, et j’espère pouvoir vous la décrire un peu mieux au prochain article.

D’ici là, j’avoue que j’ai un peu de mal à m’établir des objectifs pour les deux prochaines semaines du fait de l’introduction de la nouvelle variable, les cours à la fac, qui déstabilisent complètement la belle routine que j’avais installée. J’ai besoin d’encore un peu de temps pour pouvoir prendre un peu de recul sur tout ça et savoir comment je vais m’organiser.

Du coup, je pense que plutôt que des objectifs quantitatifs, je vais essayer de me fixer des objectifs qualitatifs, mettre le grind et le sport légèrement entre parenthèse et me focaliser sur les études pour l’instant :

  • Commencer à rattraper mon retard en lisant un cours de l’année dernière tous les soirs.
  • Trouver des gens qui travaillent en parallèle des études pour savoir comment ils s’organisent. (vous peut-être lecteurs ? N’hésitez pas à m’écrire si vous voulez partager un peu de votre expérience).
  • Réfléchir à cette organisation, pour me permettre de grinder / étudier / faire du sport le plus efficacement possible.
  • Ne pas m’imposer de nombre de mains, mais un A game à chaque fois que j’ouvre une table.

Clairement, cette reprise d’étude est un énorme pavé dans la mare, qui menace la stabilité de la petite barque que j’avais réussi à construire en aout. J’espère absorber les vagues le plus vite possible, histoire de continuer à naviguer sans boire la tasse. Et si les remous sont vraiment trop forts, j’espère être capable de prendre la meilleure décision possible. Celle qui comme au poker, prendra en compte tous les paramètres, qu’ils soient techniques, stratégiques et, c’est plutôt à propos… psychologiques.

Laissons le temps faire son œuvre.

À dans deux semaines…

Jonathan S.

Je veux rejoindre l'un des Clubs Vidéos yohviral.fr pour voir les heures complètes de coaching de Jonathan avec les pros de la plateforme ainsi que plus de 350 vidéos stratégiques pour passer mes résultats à un autre niveau.


 
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