Quand checker au poker ?

Team PokerPRO.FR
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Au poker, checker, c’est donner la parole au joueur à ta gauche sans mettre un jeton dans le pot. C’est donc tenter d’aller voir la suite du coup gratuitement. Tu peux checker uniquement quand tues le premier à parler dans un tour d’enchères ou quand les joueurs avant toi dans ce tour d’enchères ont checké.

Checker est une action fondamentale du poker et c’est sans doute ce que tu feras le plus souvent. D’ailleurs dans ce jeu tu dois normalement plus souvent checker que miser, car il y a plus de mains qui méritent d’être checkées que de mains qui méritent d’être misées.

Avant de te détailler les situations de check optimal, il est bon que tu saches qu’il est seulement possible de checker postflop. Oui, avant le flop le montant minimum est de 1 big blind, donc si tu veux rester dans le coup, il faut au moins que tu poses une big blind. Pour être précis, le seul joueur qui a le droit de checker préflop, c’est le joueur situé en big blind et c’est seulement en situation précise de pot limpé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de relance préflop et qu’il n’y a eu que des joueurs qui ont mis une big blind maximum.

Voyons maintenant ensemble quand est-ce qu’il est bien de checker après le flop selon ta position, les adversaires que tu affrontes, la taille du pot et la force de ta main. Je vais te montrer dans quelles situations précises il est bon, voire optimal de checker.

On peut différencier deux grands cas de figure. L’un où tu es l’agresseur du coup et l’autre où tu es défenseur contre un agresseur.

Voyons d’abord quand tu es l’agresseur :

Tu as donc relancé préflop et admettons que le joueur en big blind t’a payé. Tu as la position sur lui. Si ce joueur check après le flop, tu as le choix entre miser et checker.

Si tu n’as pas touché le flop, par exemple un truc bateau comme tu as AK et le flop vient 7 8 9. Dans cette situation, il est favorable de checker, car si tu mises, tu es en bluff. Tu as une simple hauteur et ce flop touche énormément ce qu’on appelle la range adverse. Tu t’en doutes, le joueur en big blind a très souvent touché ce flop. Il a soit une paire soit un simple T ou un simple 6 pour tirage quinte par les deux bouts. Il a même parfois QJ qui jouerait les potentielles quintes ventrales. Et dans le cas où il a 2 et 3 dépareillés et bien si tu mises, il ne te paiera jamais. Donc autant checker quand tu vois comme ici que tu n’as aucune value.

Si tu décides de checker on appelle ça un check back et la turn vient en suivant.

Reprenons l’exemple où tu as AK. Si le flop vient AT2, tu as donc bien touché le flop et dans cette situation, tu peux miser pour value. Mais beaucoup de joueurs amateurs comme professionnels sont adeptes du check back, car il déguise la force de leur main. La top paire ici te met 95 % du temps dans une meilleure situation que celle de ton adversaire. Le joueur en face a beaucoup moins souvent touché ce flop, car il n’y a pas de tirage et les probabilités qu’il ait un dix ou un 2 ne sont pas très élevées.

Donc si tu optes pour un check back alors vient la turn. Admettons que c’est une turn qui améliore l’adversaire et qui crée de nouveaux tirages, par exemple un valet. Maintenant, si le joueur check, je te conseillerai plutôt de miser pour bien value, car ton adversaire te paiera bien plus souvent sur ce type de carte.

Mais tu peux encore check back si tu es vraiment vicieux. Car s’il n’a vraiment rien touché par exemple 5 et 6 suitée, et bien, il ne paiera jamais ta mise. Et en faisant à nouveau un check back tu vas lui tendre le micro pour qu’il te bluff à la river et qu’il tombe ainsi dans ton piège. Ce type de jeu, qu’on appelle aussi slow-play t’expose à un danger, car ton adversaire peut toucher une quinte ou un brelan de l’espace. Par exemple, tu check une seconde fois et vient la river un 9, le board est alors AT2 J 9. Tu es maintenant battu par 7 et 8 et brelan de 9 rentré à la river, pourquoi pas. Crois-moi ça arrive plus souvent que tu ne le penses.

Le check back en position est donc une de tes nouvelles armes à savoir manipuler avec précaution. C’est un play qui permet de piéger tes adversaires et d’obtenir d’eux des potentielles mises de bluffs. Mais il faut faire attention de ne pas en abuser pour ne pas que les cartes se retournent contre toi.

Voyons maintenant quand tu es défenseur face à un agresseur :

C’est-à-dire que tu te trouves dans les blinds et que tu souhaites défendre le début d’argent que tu as investi. Tu défends donc ta big blind et c’est à toi de parler après le flop.

Tu vas vite comprendre qu’il est bon de checker une très grande partie du temps. Car miser sur un flop, une turn ou une river où tu n’as pas la position et où tu n’es pas l’agresseur initial, cela s’appelle un donk bet, et ça représente souvent un bluff beaucoup trop ambitieux. Et puis surtout tu passes pour un donkey, littéralement un âne, qui n’a pas trop de maîtrise du jeu.

Le joueur qui est au bouton a relancé et tu décides de défendre avec un large éventail de mains. Imagine d’abord que tu n’as absolument rien touché, par exemple, tu as 6 et 7 et le flop vient AKQ. Le coup est très simple, tu check, il mise, tu te couches, point final. Il n’y a là aucun intérêt à miser, le pot est petit et tu n’as plus aucune chance d’améliorer ta main.

Imagine maintenant que tu as touché un petit, quelque chose, une paire intermédiaire ou une petite top paire par exemple. Il faut checker là aussi. Car ce ne sont pas des jeux assez forts pour être rentabilisés par 3 mises jusqu’à la river. Autant checker et payer ton adversaire quand il mise, puis aviser à la turn.

Si tu as touché un tirage quinte ou un tirage couleur, ou les deux en même temps ! Là aussi si tu donk bet, tu prends le risque d’être relancé et de perdre ton équité de manière catastrophique. Et si tu es payé, il faudra continuer le bluff jusqu’à la river et assumer si tu es payé jusqu’à la fin et que tu ne touches pas. Mais même dans cette situation je te conseille plus ce qu’on appelle un check raise sur ce flop qui consiste à checker puis sur-relancer la mise adverse. C’est un bluff bien plus efficace et qui fonctionne plus souvent que le donk bet.

Imagine maintenant que tu as touché le jeu max. Par exemple, tu as 6 et 7 et le flop vient 3 4 5. Ici, il n’y a pas trop d’intérêt à miser, sauf si tu es en face d’un joueur très agressif que tu sens capable de te relancer directement sur ce flop. Mais généralement, il faut checker pour laisser l’adversaire miser tous ses bluffs, ou aussi ses over paires, ses paires sur le board, pourquoi pas ses brelans, et aussi ses tirages couleur, etc. Et s’il décide de miser, tu as alors le choix entre le payer ou le relancer. Si tu le relances, tu fais un check raise et c’est une arme redoutable, car une bonne partie des joueurs loose et récréatifs auront tendance à te payer avec même une simple hauteur As quand tu fais une telle relance sur ce type de flop. Mais le just call est bon aussi, car tu garderas tous ses bluffs potentiels dans le coup. (hauteur As, hauteur Roi…) Il suffit bien sûr de s’adapter et de savoir quel est le profil de ton adversaire.

Si tu payes simplement sa mise et que la turn vient un 6 alors tu n’as plus le jeu max. Les 4 combos de 78s te battent. Mais c’est quand même assez rare. Si cela t’arrive, tu as vraiment une déchatte de fou. Si tu check cette turn et qu’il mise, il n’est plus question de relancer, car tu ne seras payé que par la main supérieure, c’est-à-dire 7 et 8. Et parfois, il te paiera avec un simple 7 soit la même main que toi pour partager. Mais a-t-on envie de jouer un si gros coup pour un partage ? Pourquoi prendre le risque ?

Maintenant, admettons que la turn vient plutôt une Q ou un K ou un A. Tu décides de checker. Et c’est le meilleur play. Car s’il mise alors là, tu peux relancer et gagner plus de jetons. Parce que cette carte améliore la force de sa main et confirme qu’il est armé et qu’il ne foldera probablement pas sur une relance de ta part. Alors que si tu mises direct sur cette turn, certes il te paiera souvent, mais cette mise te rapportera moins de jetons qu’un check raise. Pense toujours à rentabiliser au maximum ce genre de situations.

Bon, encore une fois, tout dépend de l’analyse que tu as de ce joueur et de ses tendances à bluffer et à miser en value.

Tout ceci te résume bien les situations optimales du check, du check-back et du check raise. En position, le check back, et hors de position le check fold, le check call ou check raise. Ça te fait donc 4 nouvelles armes pour vite progresser au poker. Maintenant, tu vas devoir les pratiquer et t’entraîner !

Pour finir, je te mettrai juste en garde contre les abus du check. Dans certaines situations, checker en slow-play comme je l’ai dit plus tôt, peu te faire perdre finalement un coup où tu étais favori. Checker, trop souvent, peut te faire manquer des mises de value évidentes, ce qui est dommage, car le but est de monter des jetons. Il peut aussi être synonyme d’un manque de confiance en toi et en ta main. Les joueurs à la table peuvent exploiter cette faiblesse par la suite et te coller l’étiquette du gars trop timide. Bref, checker est essentiel, mais a aussi ses désavantages. Ton but sera de te servir uniquement des côtés positifs du check.

À toi de jouer !

YoH

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