Vous l’avez sûrement déjà entendu et réentendu de nombreuses fois, mais gérer soigneusement sa bankroll est une compétence vitale pour tout joueur de poker qui veut réussir, et ce, quel que soit le niveau auquel vous jouez. Votre bankroll de poker est en quelque sorte votre airbag de sécurité contre la variance. Et en allant plus loin, on peut même dire que votre bankroll est le seul aspect de ce jeu si complexe qu’est le poker dont vous avez entièrement le contrôle. Votre gestion de bankroll fait partie intégrante de ce qui fera de vous un joueur gagnant au poker ou non, et tout comme la stratégie, c’est une compétence qui doit être apprise si vous voulez réussir. Voici quelques conseils essentiels sur le poker management, qui vous aidera à améliorer votre rentabilité au poker, mais aussi à assurer votre longévité.
Pourquoi, comprendre la notion de bankroll est si important ?
Petit rappel des bases, le terme «bankroll» fait référence au montant d’argent que vous mettez de côté exclusivement pour jouer au poker, comme l’argent que vous avez en ligne sur PokerStars. Il est bien séparé de toutes les autres finances de votre vie (loyer, courses, sorties ect..). Maintenant, quel que soit le montant votre bankroll, il y a toujours un risque que cet argent soit perdu, mais la règle essentielle est que cela ne devrait en aucun cas empiéter sur vos autres obligations financières quotidiennes et vous mettre en difficulté financière. Et pour maintenir ce risque aussi bas que possible, une bonne gestion de bankroll est indispensable.
Principe élémentaire : ne pas jouer ce que l’on a peur de perdre
C’est un des principes que toutes les générations de joueurs de poker ont entendu, ne jouez pas ce que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre ! Il n’y a en effet rien de mieux pour jouer dans les pires conditions possibles et affecter son niveau de jeu : en jouant avec la peur de perdre. Il est évidemment tentant de succomber à la tentation d’un cash game avec une action folle, même si les enjeux sont plus élevés que ce que vous êtes censés vous permettre. Ou encore de participer à ce tournoi au prize pool de rêve et au field facile, même si le buy-in est trop élevé pour votre situation actuelle. Cela fait partie des frustrations que tout joueur de poker connaît. Et ce qui fera la différence sur le long terme entre une étoile filante et une longue carrière, c’est votre self-contrôle et vos choix de gestion.
Séparer ses dépenses privées de sa bankroll
Vous devez visualiser le poker comme une entreprise. L’argent que vous utilisez pour jouer au poker doit être organisé comme s’il s’agissait des fonds de votre entreprise. Votre bankroll de poker doit être géré avec professionnalisme et vous ne devriez pas compter sur cet argent pour payer vos factures. On le répète, si vous jouez avec la peur de perdre de l’argent dont vous dépendez, alors vous jouerez mal, et si vous jouez mal et bien… Vous finirez par perdre ! C’est ce qu’on appelle le jeu en “scared money”, qui fera de vous une cible encore plus facile pour vos adversaires. Par conséquent, soyez précis et surtout honnête avec vous-même sur le montant que vous pouvez raisonnablement consacrer au poker. C’est logique, si vous retirez trop souvent de l’argent de la «société» sans en rapporter, votre entreprise risque de faire faillite.
Le mieux est même d’avoir deux comptes bancaires, un dédié uniquement au poker, et l’autre aux dépenses de la vie, comme l’explique également YoH Viral dans sa vidéo : Combien D’ARGENT dois-je mettre en jeu au POKER 💶 💷. Il est préférable de déposer en une fois, sur le ou les site(s), la somme que vous vous êtes fixée pour le poker, en fonction de votre niveau de vie et de vos dépenses, et de ne plus y toucher. Par ailleurs, il n’y a rien de honteux à garder une activité parallèle au poker en complément, cela enlève même moins de stress dans votre approche du jeu ce qui est bénéfique pour de nombreuses personnes.
Quelle bankroll pour quel type de jeu de poker ?
Il y a différents types de jeux de poker, cash game, sit n go, tournois, Texas Hold’em no-limit ou limit ect. Et ces différents formats demandent des approches différentes du poker management. Je ne vous apprends rien en disant que les tournois de poker ont une variance beaucoup plus élevée que les cash games, et que malgré des prize pool qui peut sembler énorme sur certains events, même les meilleurs joueurs peuvent passer de longs mois sans rien toucher. La bankroll d’un joueur de tournoi est donc plus sujette à des fluctuations importantes, et demande donc une attention particulière. Les informations suivantes sont destinées à offrir les bonnes approches de bankroll selon votre activité poker.
De manière générale, si vous êtes un joueur récréatif, ne risquez pas plus de 10 % de votre bankroll à la fois. Ainsi, si votre bankroll est de 100 €, vous ne devriez pas buy-in dans un tournoi de plus de 10€, ou vous asseoir à une table de cash avec plus que 10 €. Cela peut paraître peu, mais sachez que pour les joueurs professionnels de poker, cette restriction de bankroll est encore bien plus stricte puisqu’on estime que vous ne pouvez risquer qu’entre 1 à 5 % de votre bankroll.
Tournois Sit and Go (SNG) : nous vous conseillons d’avoir au moins 30 ou 40 fois le buy-in du tournoi dans votre bankroll avant de participer à un SNG. Un joueur professionnel aura besoin de 100 buy-ins au minimum. Par exemple, un joueur sérieux pourrait jouer des SNG à 20 € avec une bankroll de 600 €, mais un professionnel aurait besoin de 2,000 € dans sa bankroll pour jouer des SNG à 20 €.
Tournois multi-tables (MTT) : comme on vient de le dire, les MTT signifient énormes prize pool, mais aussi énormes swings potentiels. En tant que joueur récréatif sérieux, vous devez avoir au minimum 50 buy-ins dans votre bankroll afin de vous inscrire tandis qu’un pro de poker aura besoin de 200 buy-ins au moins. Une bonne option est également de ne pas exclusivement se limiter à jouer des tournois, mais aussi de varier avec des SNG ou quelques cash games. Et ne tombez pas dans le piège, gagner un gros montant sur un tournoi ne signifie pas que vous pouvez automatiquement grimper en limites. Patience et rigueur sont essentiels si vous voulez perdurer !
Cash Game No Limit Hold’em: vous devriez avoir environ 100 buy-ins minimum sur votre bankroll pour vous asseoir à une table de cash game NLH. Certains considèrent que vous pouvez même vous permettre d’avoir “seulement” 50 buy-ins de côté, cela varie selon votre niveau et les limites auxquelles vous jouez. Mais à titre d’exemple, si vous êtes un joueur récréatif et que vous avez moins de 50 €, il est préférable de ne jouer qu’aux parties à 0,01 € / 0,02 € online. Avec une bankroll entre 50 € et 100 €, vous pouvez jouer à des jeux de 0,02 € à 0,05 €. Regardez à ce sujet cette vidéo de YoH : Les replays du challenge de YoH en cash game online micro limites, pour voir combien on peut gagner en 3 jours en cash game en partant de 500 € seulement.
Dans tous les cas, vous devez être prêt à réduire vos limites si vous accusez une baisse dans votre bankroll, même légère, comme nous allons le voir.
Ne jouez pas plus haut que votre bankroll le permet :
Enfin, la taille d’une bankroll dépend également de votre qualité de joueur de poker. Si vous êtes un joueur de cash game qui gagne 60 % du temps, vous avez évidemment besoin d’une plus grande bankroll qu’un joueur qui gagne 80 % du temps. De même, les joueurs avec un jeu très large et agressif connaissent aussi une variance beaucoup plus élevée que les joueurs serrés. Et surtout n’oubliez jamais : plus la variance de votre type de jeu de poker est élevée, plus vous devez avoir de buy-ins dans votre bankroll !
Après, il y a aussi des joueurs audacieux, adeptes de ce qu’on appelle des “one shot” pour booster leur bankroll. C’est une pratique possible, mais peu recommandée cependant, à l’image de Chance Kornuth (deux bracelets WSOP et plus de 10 millions de gains live et online) qui a pris des risques sur des limites supérieures au cours de sa carrière. “Je pense évidemment qu’une bonne gestion de bankroll est importante, mais il faut aussi être capable parfois de risquer une partie de son capital quand un très bon spot se présente. Je n’encourage pas à prendre part à une partie très difficile, mais quand on déniche une grosse table avec un niveau général, faible, ça peut valoir le coup de tenter sa chance. Dans une grosse partie de cash game avec de la profondeur et des joueurs d’un mauvais niveau, vous serez toujours le grand favori et vous gagnerez de l’argent la plupart du temps. Certains spots présentent beaucoup d’intérêt, même si de prime abord les enjeux semblent élevés.”
C’est alléchant certes, et plusieurs joueurs bien connus ont tenté leur chance sur des parties plus élevées et avec de la value pour booster leur bankroll, mais il s’agissait là de choix bien étudiés et en ayant bien conscience des risques encourus. À des limites plus basses, mais suivant ce même principe, vous pouvez suivre YoH sur son dernier challenge MTT, qui décide justement de prendre des risques de poker management et vous explique pourquoi dans cette vidéo : On SHOT Des TOURNOIS Pour Faire l’ÉCART #ChallengeMTT.
Accepter de descendre en limites
Il s’agit là d’un sujet sensible, mais il n’y a pas de honte à abaisser les limites. Si les pertes ont considérablement réduit votre bankroll, que ce soit dû à des bad run ou une suite de mauvaises décisions, vous devez réduire vos limites jusqu’à ce que vous ayez suffisamment de fonds pour jouer de nouveau plus haut.
Cela fait partie des risques au poker, et aussi de la beauté de ce jeu d’ailleurs, même si vous jouez avec une stratégie parfaite (ce qui n’est le cas de personne à part si vous êtes un robot), il y aura des moments où vous connaîtrez une série de défaites. D’un autre côté, vous vivrez aussi des périodes où vous aurez l’impression de marcher sur l’eau. Mais dans les cas où il est primordial de respecter les règles de poker management et de garder la tête froide. Vous pouvez survivre à ces hauts et ces bas de la vie de joueur professionnel de poker, mais en gérant votre bankroll avec sérieux et en sachant descendre en limites quand il le faut.
Rester confiant est important, gardez votre A game quelque soit les enjeux de vos parties et vous réaliserez des bénéfices à long terme. Sinon, vous risquez de perdre toute votre bankroll et de ce fait de ne plus pouvoir jouer du tout… Ce qui est pire que de baisser temporairement de limites non ?!
Ne pas laisser son ego prendre le dessus
On vient de le voir, la gestion de bankroll au poker implique aussi la gestion de son ego. Car trop mélanger ego et poker amène le plus souvent à de mauvais choix. Dans une Interview sur Club Poker, Jason Koon, pro PartyPoker et régulier des super high rollers, répond une chose très importante à la question quel conseil donnerais-tu à toi-même il y a 10 ans ; “Arrêtez de vouloir impressionner des gens. Je conseillerais aussi de dépenser moins d’argent pour rien, de plutôt investir dans sa bankroll, de travailler plus dur et de prendre plus de shots sur des tables de temps en temps. Je pense que c’est ce que je dirais au mois d’il y a huit ou dix ans.”
Ayez bien conscience que si vous éprouvez des difficultés à gérer votre bankroll, vous êtes loin d’être le seul. De nombreux pros de poker sont passés par là, et luttent encore. Cela va bien au-delà de vos simples connaissances poker techniques, comme en témoigne la légende Mike Sexton dans une autre interview ; “Gérer son argent, en tant que joueur pro, c’est bien plus important selon moi que d’avoir un excellent niveau. On peut être un super gestionnaire et un joueur moyen, et au final gagner bien plus d’argent et mieux vivre qu’un joueur très talentueux mais mauvais gestionnaire. Moi, j’appartenais à cette seconde catégorie. Je ne faisais que jeter l’argent pas les fenêtres et c’est une partie de ma vie que je regrette profondément. Comme on dit, la vie nous fait apprendre. Malheureusement, dans mon cas, il a fallu 50 ans pour que j’apprenne !”
Heureusement, vous pouvez commencer à bâtir votre bankroll avec sérieux dès maintenant, sans passer par des années d’erreurs et de choix impulsifs.
La discipline et le travail : critères indispensables pour construire sa bankroll poker
N’importe qui est capable de se construire une bankroll poker à condition d’apprendre à jouer correctement à chaque niveau et à rester dans ses limites. Si vous débutez, il faut procéder lentement, en gagnant en expérience et sans essayer de sauter les niveaux. Si vous êtes financièrement indépendant et que vous pouvez réinjecter de l’argent au poker sans problème, vous pouvez vous permettre quelques excentricités. Mais si vos fonds sont limités, faites preuve de discipline et suivez nos conseils pour vous guider. C’est une des nombreuses clés pour réussir abordée par YoH Viral dans sa conférence « Poker Comment devenir pro » (d’une durée de 3 heures). Être gagnant régulier au poker ne se fera pas sans un vrai travail, qui comprend autant la technique que le mental.
Le fait est que vous n’allez pas construire votre bankroll de poker rapidement si vous faites constamment les mêmes erreurs aux tables. De plus, et c’est encore plus important, au fur et à mesure que vous augmentez les limites, ces faiblesses seront de plus en plus exposées, car vous affronterez de meilleurs joueurs. Apprenez à sélectionner vos tables et ne pas en jouer trop si vous perdez votre concentration.
Tous ces conseils se rapportent à l’idée de pratiquer votre activité avec DISCIPLINE, qui à bien des égards est la clé du succès au poker. Tout comme vous le faites lorsque vous jouez dans une main, essayez de toujours prendre vos décisions de manière réfléchie et avec intelligence, le money management au poker est un critère essentiel pour réussir à vivre du poker. Bonne chance maintenant !
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