Au poker, les joueurs se lançant dans l’aventure pro avec succès ne sont pas légion. Dans la plupart des cas, passer pro est une lourde décision qui demande une réflexion longue et beaucoup de préparation, comporte des risques financiers importants et requiert un business plan bien ficelé et beaucoup de travail.
Pour autant, au poker, les objectifs bien plus raisonnables sont à la portée de tous. Avec un peu d’huile de coude, n’importe quelle personne qui s’intéresse un minimum au jeu est capable de générer un revenu complémentaire non-négligeable et plus ou moins régulier de sa passion, qui permet de se faire quelques plaisirs supplémentaires à la fin de l’année.
Alors si vous souhaitez ajouter quelques milliers d’euros à votre revenu annuel, je vais décortiquer dans cet article quelle variante du poker est la plus adaptée pour jouer dans cette optique et vais vous donner quelques clés pour y parvenir sans trop de difficultés.
Quelle variante ?
Le choix de la variante que l’on jouera dépendra des disponibilités, du caractère et du style de chacun, mais chaque variante a ses avantages et inconvénients.
Cash-game
Il s’agit de la variante qui vient à l’esprit en premier lorsqu’il s’agit de dégager régulièrement un revenu avec un emploi du temps chargé. Le temps de session est flexible : on peut y jouer tous les jours un petit peu. Le rake important permet de débloquer rapidement des statuts VIP intéressants qui offrent un revenu fixe qui s’additionne à vos gains aux tables. La variance est faible à la fois car les tapis sont profonds en permanence et la compétence s’exprime plus vite par rapport à la chance, donc les swings sont relativement faciles à encaisser.
Mais le cash-game a aussi des inconvénients : il s’agit de la variante la plus difficile techniquement, car battre le rake n’est pas aisé. Il faut donc constamment choisir ses tables pour cibler les joueurs récréatifs, si bien que pour dégager un revenu régulier assez conséquent il faut s’entrainer beaucoup, travailler énormément sa technique, se tenir informé des évolutions rapides du jeu et jouer relativement haut.
En cash-game, les gains sont calculés en nombre moyen de blindes gagnées pour 100 mains jouées.
Je vais prendre un exemple parlant, imaginez que vous êtes un joueur de NL20 au niveau très respectable, ce qui est déjà plus que ce à quoi beaucoup de personnes ne peuvent prétendre. Imaginez également que vous souhaitez gagner 6.000€/an (soit 500€/mois). Il vous faudra alors gagner 2.500 big blinds par mois.
Si vous battez largement la limite au taux très honorable de 10bb/100 en jouant 6 tables en même temps, à hauteur de 60 mains/heure/table, vous jouerez 360 mains de l’heure et gagnerez donc 36bb, soit 7,20€/h, à cela quoi s’ajouterons environ l’équivalent de 3€/h en points de fidélités (rakeback).
C’est-à-dire que, rakeback inclus, il vous faudra environ 17.600 mains, soit 3-4h/jour et 3 sessions/semaine pour gagner ces 500€.
Evidemment si vous jouez plus cher, jouez plus de tables avec le même taux de réussite, ou que vous crushez encore plus la limite, vous gagnerez plus et plus facilement. Par exemple un joueur confirmé de NL50 largement gagnant peut prétendre à des niveaux de rakeback supérieurs et des gains largement plus importants, mais il faudra pour cela faire partie du top 1% des joueurs de la limite, ce qui est très difficile à maitriser à moins de passer par un coach expérimenté qui pourra corriger rapidement vos leaks (défauts).
En d’autres termes pour résumer : le Cash-Game offre le meilleur confort de jeu, mais c’est aussi la variante qui demande le plus de travail pour arriver à dégager un revenu et qui sera le plus difficile à maitriser.
- Bankroll nécessaire pour jouer la NL20 : 1.000€
- Temps de coaching nécessaire pour la maitriser : 25h
- Club vidéos stratégiques commentées conseillé : Club Padawan | Coach conseillé : BaPoR
Sit-n-go, HU SNG & Double Or Nothing
Ces trois variantes sont techniquement plus simples que le cash-game ce qui permet d’y être gagnant avec un travail sur son jeu moindre (ou plus gagnant à travail équivalent). La variance est également faible, voire très faible. Les downswings, bien que parfois importants en nombre de buy-in, sont rapidement résorbés en raison de la courte durée des parties et de la possibilité d’en jouer beaucoup. Le problème principal, à l’heure actuelle du marché français, est la difficulté d’effectuer du volume en raison d’un faible trafic qui rend impossible le grind sur de nombreux horaires de jeu.
Par exemple imaginez que vous jouez en Head’s up Sit-n-go turbo à 20€ sur deux tables avec un pourcentage de victoire de 57,5% ce qui correspond à un ROI (retour sur investissement) d’environ 9%, ce qui est déjà un résultat très satisfaisant, surtout sur deux tables en format turbo. Une partie durant en moyenne 10min, vous serez en mesure d’en jouer jusqu’à 12/heure mais plus probablement autour de 8 en comptant le temps de trouver un adversaire qui peut être parfois très long, surtout si vous souhaitez éviter les regwar (compétition entre joueurs réguliers du même niveau). Vous générerez également environ 1€ rakeback/heure, soit un gain horaire total de 15,4€/h avec une variance mesurée. Ainsi, pour gagner 6.000€/an, vous n’aurez besoin de jouer que 2h30 par session à raison de 3 sessions/semaine. Des calculs similaires peuvent se faire sur les deux autres variantes évoquées, mais il faudra attendre l’ouverture du marché européen, le « .eu », pour pouvoir refaire un volume conséquent sur ces formats. L’alternative consiste au SNG HU Hyper-turbo qui offre plus de volume à toute heure, mais pour lequel il est bien évidemment impossible de faire un ROI aussi bon.
- Bankroll nécessaire pour jouer les SNG 20€ : 800€
- Temps de coaching nécessaire pour les maitriser : 10 à 15h.
- Club vidéos stratégiques commentées conseillé : Club Confirmé | Coach conseillé : BandeCDC
Les Sit-n-go Jackpot
Ce format inclut les Expressos, les Spin-n-go, les Twisters et autres 3-handed – hyper turbo au pricepool loterie. Je ne recommande pas à un joueur sérieux souhaitant générer un revenu régulier ce format – par définition – bien trop aléatoire.
En effet, il s’agit de bien comprendre que ce format destiné à vendre du rêve est censé être raké à 7% (ce qui, soit dit en passant, est très élevé pour un format hyper-turbo) mais dans la réalité plus de 99% des joueurs paieront un rake au-delà de 10,8% tandis que les moins de 1% de joueurs chanceux ayant eu la chance de toucher un gros jackpot aura payé un rake négatif.
La bonne approche pour grinder ce format consiste donc à considérer que toutes les victoires sur des multiplicateurs au-delà de x10 comme du bonus et de parvenir à être gagnant en considérant qu’on n’en touchera jamais. Pour cela il faut réussir à obtenir un pourcentage d’ITM d’environ 37% sur le long terme, ce qui est étonnamment beaucoup plus difficile qu’on ne se l’imagine car le jeu est plus complexe qu’il n’y parait.
Quand bien même vous parveniez à atteindre ce taux, les gains aux tables et le rakeback cumulé seraient bien inférieurs à toutes les autres variantes, toutes choses étant égales par ailleurs. Les sessions seront donc une succession de déceptions, de tous petits gains acquis avec une variance énorme en attendant de toucher le gros jackpot qui peut-être ne tombera jamais. Par exemple, à hauteur de 25 games/heure à 10€ au ROI de 3% rakeback inclus, soit 7,5€/heure en moyenne (là encore, de très bons résultats pour un joueur ayant une chance normale), il vous faudra jouer 4 sessions de 4h chaque semaine de l’année pour gagner vos 500€/mois, sans compter le temps que vous passerez à vous former à cette variante très contre-intuitive.
Pour finir de vous en convaincre, je vous redirige vers l’excellent sujet ouvert par un spécialiste de la variante et qui reste aujourd’hui pour moi la référence francophone sur le sujet.
- Bankroll nécessaire pour jouer les 10€ : 2.500€
- Temps de coaching nécessaire pour les maitriser : 20h
- Club vidéos stratégiques commentées conseillé : Club Confirmé | Coach conseillé : YoH_ViraL
Les MTTs
La variante des tournois multitables est la plus difficile à mettre en place dans une stratégie de grind, et encore plus quand on n’a pas disposé d’un suivi personnalisé avec un coach.
Les tournois sont longs et de durées différentes, revêtent différentes formes, la variance est importante du fait de la structure « top-heavy » c’est-à-dire qui récompense surtout les premières places du classement. Les sessions sont aussi plus longues et moins flexibles (on ne peut pas l’arrêter au milieu), et de durées variables selon la réussite du jour (on ne sait pas à quelle heure on va finir).
Néanmoins, il s’agit selon moi de la manière la plus simple de s’assurer d’un revenu complémentaire un minimum conséquent et relativement régulier. En effet, toutes choses étant égales par ailleurs, le ROI qu’il est possible de dégager par partie jouée et incidemment le gain horaire est supérieur à toute autre variante.
Par exemple, un joueur relativement compétent jouant à des parties à 10€ en moyenne et dégageant un ROI de 100% pour des sessions de 12 tournois durant en moyenne 6h, il n’aura besoin de jouer qu’une seule fois par semaine pour gagner 6.000€/an en gagnant près de 20€/h. Evidemment si vous jouez plus, plus cher, ou que vous pouvez faire plus de 100% de ROI, vous pourrez vous fixer des objectifs plus ambitieux.
De plus, les tournois sont une variante moins difficile techniquement, bien plus variée, et requièrent une formation plus courte. Enfin, en maitrisant les petits buy-in et en mixant les petits et les gros fields, il est possible de réduire fortement la variance et de maintenir à environ 50% de sessions positives.
- Bankroll nécessaire pour jouer les 10€ : 1.000€
- Temps de coaching nécessaire pour les maitriser (en micro buy-in): 10-15h
- Club vidéos stratégiques commentées conseillé : Club Padawan (buy in joués jusqu’à 30€) Club Confirmé (buy in joués jusqu’à 50€) ou Élite (buy in joués jusqu’à 1000€) | Coachs conseillés : YoH_ViraL ; Fowan ; BandeCDC
Quelques clés de réussite pour dégager un revenu supplémentaire
Se fixer des objectifs raisonnables et réalisables
Dans cet article, j’ai calculé le temps qu’il faudrait pour gagner en moyenne 500€ par mois, mais vos ambitions peuvent être plus modestes, ou au contraire plus grandes. De même, tout dépendra du temps que vous décidez de consacrer au jeu, de la bankroll dont vous disposez, de votre niveau et de l’effort que vous êtes prêt à consentir pour vous améliorer.
Si votre objectif est de gagner 100€/mois et que vous avez du temps devant vous pour jouer, vous n’aurez sans doute pas besoin de travailler beaucoup. A l’inverse si vous souhaitez vous limiter à 2-3 sessions par semaine et gagner 1.000€ par mois, il faudra atteindre un bon niveau de compétence et travailler votre jeu en conséquence.
Fixez-vous sur une, voire deux variantes maximum
Il est important de ne pas trop se disperser si vous jouez dans l’optique de gagner de l’argent. La clé pour réussir à faire du bénéfice est de faire partie des meilleurs joueurs d’une variante et c’est beaucoup plus difficile à atteindre lorsque l’on en joue plusieurs en même temps.
De plus, certaines variantes se marient mal entre-elles (par exemple Cash-game et sng Jackpot) à cause des qualités différentes qu’elles demandent qui fait que jouer les deux à la fois vous ferait prendre rapidement de mauvais réflexes. Personnellement j’ai longtemps mixé Sit-N-Go Head’s Up et MTTs qui sont des variantes qui se marient bien, avant de m’investir uniquement sur les MTTs.
Tenez-vous au bankroll management
On ne le répétera jamais assez, mais ne pas aller tilter sur les limites supérieures ou savoir move down (descendre de limite) en cas en période de disette sont des compétences indispensables au poker. L’idéal est de parvenir à se détacher de l’argent, se restreindre à un bankroll management strict et safe, adapté à votre « couple risque de ruine/objectif de rentabilité » et de ne cash-out qu’une fois par an, quand vous devez payer vos vacances ou acheter une voiture. Si vous êtes sérieux et solide psychologiquement, tout ce que vous avez à faire pour que les résultats tombent, c’est vous armer de patience.
Trouvez un coach qui vous convient
Les vidéos gratuites, twitchs et autres masterclass offertes sont un excellent moyen de progresser par soi-même mais cette auto-formation est forcément très chronophage et vous prendra du temps que vous pourriez utiliser à jouer et à gagner. D’autre part, comme adapté pour le grand public, la plupart du contenu gratuit ne va pas au bout des choses et vulgarise des concepts complexes. Il est assez difficile de bien maitriser une variante uniquement en regardant et en copiant ce que font d’autres joueurs.
La solution la plus rapide et la plus efficace d’atteindre rapidement un niveau permettant de gagner régulièrement est de prendre un coach dans la variante que vous avez choisi et qui évolue aux buy-ins que vous avez choisi et qui vous permettra un suivi personnalisé en corrigeant en quelques heures tous les défauts de votre jeu. Si vous gagniez régulièrement 200€ par mois et que vous investissez 1.000€ dans un coaching qui vous fera passer de 200€ à 500€ par mois, à la fin de l’année, vous aurez gagné 2.600€ supplémentaires. Le retour sur investissement est très important et le plus souvent très rapide.
Mon cas personnel
Mon cas personnel me permet de traiter la question en connaissance de cause, car avant d’y consacrer le plus clair de mon temps très récemment, j’ai longtemps été un amateur qui travaillait beaucoup son jeu et dégageait régulièrement un revenu supplémentaire.
Voici donc, à titre d’exemple, les statistiques de mes 43 derniers mois de jeu (depuis début 2013). J’ai pu jouer 220 sessions, soit à peine plus d’une session par semaine. J’ai joué un total d’un peu moins de 1200h, soit moins d’une heure par jour en moyenne. Il s’agit donc du volume que réalise un joueur occasionnel passionné, n’importe quel professionnel pourrait facilement jouer autant en une année, ou même en 9 mois.
J’ai également joué des tout petit buy-in, ce qui me permettait de n’avoir aucune pression financière et de ne jamais me mettre en danger (12,43€ de buy-in moyen). Pour autant, le fait d’avoir choisi les MTTs (et quelques milliers de SNG HU) m’a permet de dégager un retour sur investissement important (130%) et de gagner en moyenne 782€/mois, ou environ 9.400€/an.
Il s’agit évidemment d’une moyenne qui varie énormément d’un mois sur l’autre. Sur les 43 mois, 3 ont fini en négatif, 18 m’ont rapporté plus de 500€ et 10 m’ont rapporté plus de 1.000€. Enfin, en mixant les petits et les gros tournois, j’ai fait en sorte de perdre de l’argent moins d’une session sur deux.
Ces résultats n’auraient pas pu être obtenus sur une autre variante (cela correspondrait à plus de 12bb/100 en NL50 sur 6 tables pour du cash-game par exemple), mais je conclurais en rappelant que n’importe quel joueur de tournoi motivé ayant reçu une formation adéquate pourra rapidement arriver à quelque chose de similaire.
Bandecdc