Osez abuser de votre bouton !

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On vous a très certainement déjà appris que le bouton est la position la plus importante au poker et que relancer ses boutons est d’une importance capitale. Mais peut-être que bon nombre d’entre vous ne réalisent pas à quel point un vol de blindes depuis cette position peut être profitable. Dans cet article, je vais vous donner une petite démonstration simple et incontestable.

Imaginez que vous soyez en train de jouer un tournoi sur une table à 8 joueurs, et que les blindes soient de 100-200+25. Le pot fera donc à chaque main 500 chips, soit 2,5x la big blinde. Tout le monde se couche jusqu’à vous au bouton, vous êtes en situation parfaite pour un vol de blindes.

Mais pour cette simulation, nous allons partir du principe que vous avez en main deux cartes de UNO et qu’elles ne vous seront d’aucune utilité au poker. Autrement dit, on part du principe que si l’un de vos deux adversaires restant fait quel que soit d’autre que fold, vous avez perdu le coup, même s’ils ne font que payer pour voir un flop.

Pour commencer, on va donc effectuer une relance à 2 big blindes (minraise), ce qui va m’apporter un risk/reward intéressant, et ce quelles que soient mes cartes. En effet, en risquant 2 big blindes pour potentiellement gagner un pot 2,5 big blindes (avec les antes), je réaliserais un profit si je gagne le coup ne serait-ce qu’une fois sur 2 (logique, puisque je peux gagner plus ce que ce je ne risque de perdre). Je suis même à l’équilibre dès lors que mes adversaires se couchent les 2 au moins 44,44% du temps (2 fois sur 2+2,5 fois).

Concrètement cela veut dire que mes adversaires doivent se défendre au moins 55,55% du temps à eux deux pour commencer à m’opposer de la résistance. Encore une fois, gardez en tête que nous jouons un scénario binaire ultra pessimiste dans lequel nous n’améliorons jamais post-flop et ne gagnons jamais le coup en cas de simple défense.

Imaginez que la Small blind décide de se défendre  25% du temps et que la big blinde se défende 40% du temps (car elle ferme l’action et a une meilleure côte). On pourrait définir leurs ranges respectives (de call et de 3bet) à cela :

SB : Toutes les paires, tous les as suités, A9o+ , toutes les broadways et les J9s-K9s, 67s+ et la moitié des A2-A5o.

BB : Toutes les paires, tous les as, tous les broadways, tous les connecteurs suités, tous les one-gapper suités, tous les rois suités, Q6s+, J7s+, K7o+ et Q9o+

Soit deux ranges raisonnablement larges de défense.

Dans ce scénario, je vais donc voler le coup 75% du temps à la small blinde et 60% du temps à la big blinde. Je volerais avec succès les deux 75% * 60% = 45% du temps et mes adversaires se défendront contre mon raise 55% du temps à eux deux réunis. Imaginez maintenant que je joue la situation 100 fois : j’ai relancé à 200 et

L’une des blindes s’est défendu 55x/100, soit 55*-400= -22000 jetons

Aucune des deux blindes ne s’est défendu 45x/100, soit 45*500 = +22500 jetons

Soit un profit de +500 jetons en 100 mains, soit 2,5bb/100 le tout sans avoir de cartes en main

En réalité dans cette situation, nous gagnerons bien plus que 2,5bb/100, tout simplement parce que nous allons jouer en position avec des cartes qui vont parfois améliorer et nous pourrons également facilement arracher le coup.

Où se situe l’erreur adversaire ? Ils n’ont tout simplement pas défendu suffisamment de mains pour opposer une réelle menace, malgré leurs ranges raisonnablement larges que j’ai donné. Cet exercice met en valeur deux choses primordiales : premièrement l’utilité de défendre ses blindes très large contre les petits sizings (ici dans l’exemple un minraise). Mais aussi et surtout la nécessité de reconnaitre les adversaires qui ne se défendent pas suffisamment aux relances en late position ! La statistique « fold to steal » de votre tracker vous permettra de déterminer rapidement les joueurs qui ne prêtent pas assez attention à vos fréquences de raises et se couchent beaucoup trop souvent. Ainsi, si le spot est bien choisi, vous pourrez bientôt relancer profitablement sans regarder vos cartes ! 

A propos de l’auteur : Jonathan Perin, alias Bandecdc, est un joueur passé professionnel de poker en 2016 après une courte carrière dans la finance d’entreprise. Il est spécialisé dans les tournois à petit ou moyen buy-in (de 5€ à 30€). En aout 2016, il rejoint l’équipe de coach de Yohviral.fr et s’occupe aujourd’hui du  Club Padawan pour la partie tournoi.

Bandecdc

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