Au poker, votre adversaire jouera, selon son expérience et son aisance avec les jeux de stratégie, à un niveau de pensée plus ou moins complexe. La difficulté consiste à connaître ce niveau de pensée précisément et à se placer exactement au niveau supérieur. Voici les 4 niveaux :
Niveau 0
Il se caractérise par une absence de réflexion la plus totale qui produit des séquences de mises, des choix de ranges et des réactions tout à fait imprévisibles. Par exemple un joueur de freeroll qui décide de faire tapis toutes les mains, un joueur qui décide d’overbet à tapis en bluff sans raison une fois de temps en temps. Bref vous l’avez compris : le fish qui ne connaît pas ou très peu les règles et ne fait pas d’effort pour s’appliquer.
Niveau 1
Le joueur regarde ses cartes, connait la hiérarchie des combinaisons et évalue à peu près correctement la rareté de chacune d’entre elles. Il se pose la question « est-ce que ma main est forte ? » ainsi que « est-ce que ma main vaut une aussi grosse mise ? ». S’il n’a rien il check, se couche ou il bluff, s’il a un jeu fort il mise ou relance. Son raisonnement est basique mais a le mérite d’exister.
Niveau 2
Ce joueur est un peu plus attentif à la table, en plus des questions que se pose le joueur de Niveau 1, il cherche à savoir ce que peux avoir son adversaire. Il essaye de déterminer la range adversaire pour savoir quand, avec un jeu moyen il peut se coucher s’il voit son adversaire sur un jeu fort, ou à l’inverse faire passer un jeu moyen ou faible quand il n’a rien. Il est capable d’éviter les grosses confrontations quand les deux joueurs ont un jeu fort. Il se posera la question « est-ce que j’ai une main forte, et est-ce que mon adversaire à un jeu fort ? »
Niveau 3
Il s’agit du niveau ultime. Le joueur se pose les mêmes questions que les deux premiers joueurs de niveau 1 et 2, mais cherche également à savoir ce que son adversaire pense qu’il a. On parle de notion de « range perçue », c’est-à-dire que le joueur cherche à représenter des mains qu’il n’a pas ou à ne pas représenter des mains qu’il a pour qu’un adversaire qui essaye de le lire soit complètement dans le brouillard. Ainsi il se posera la question « est-ce que ma main est forte, est-ce que la main de mon adversaire est forte et est-ce que mon adversaire croit que j’ai une main forte ? » et « comment faire croire à mon adversaire que ma main est plus ou moins forte qu’elle ne l’est réellement ? ». Quand deux joueurs de niveau 3 se rencontrent, chacun essaye de tromper l’autre jusqu’à ce qu’on atteigne des ranges complètement équilibrées qui contiennent la juste proportion de bluff et de value qu’aucun des deux ne sera en mesure d’exploiter.
Chaque niveau de pensée joue au mieux contre le niveau immédiatement en dessous, mais très mal contre un niveau deux crans en dessous. Par exemple un joueur de niveau 3 qui float avec air sur A74 pour bluffer la turn et la river une main comme un petit Ax fera des ravages contre un joueur de niveau 2 qui va interpréter ça comme une ligne qui représente beaucoup de force. En revanche refaire le même move contre un joueur qui a touché son as et pour qui la réflexion ne va pas plus loin est bien moins efficace. Se tromper de niveau de pensée s’appelle un « leveling ».
Je vous en parle plus longuement dans une vidéo que j’avais posté sur ma chaîne youtube il y a quelques années de ça (avec le matériel et donc la qualité de son d’il y a quelques années), vous trouverez le lien juste ici.
À propos de l’auteur : Jonathan Perin, alias Bandecdc, est un joueur passé professionnel de poker en 2016 après une courte carrière dans la finance d’entreprise. Il est spécialisé dans les tournois à petit ou moyen buy-in (de 5€ à 30€). En aout 2016, il rejoint l’équipe de coach de Yohviral.fr et s’occupe aujourd’hui du Club Padawan pour la partie tournoi.
Bandecdc