Le limp, est-ce vraiment mal ?

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To limp, en anglais, signifie à la base « boiter », ou encore « mou, flasque ». Pas étonnant qu’on ait choisi ce mot pour désigner l’action de juste payer la big blind au lieu de relancer en entrant dans un coup. Des années et des années durant, la règle « le limp c’est le mal » a été prédominante, et la relance largement privilégiée. Inlassablement lors de mes coachings, j’ai répété à mes élèves que non, limper avec une petite paire n’est pas une bonne idée dans la majorité des cas et que limper les as UTG pour tendre un piège revient à prendre un risque qui gâche la force de la main. Mais alors pour quelle raison déteste-t-on autant le limp ? Tout simplement parce que dans la majorité des situations, deux inconvénients l’emportent largement sur l’ensemble des avantages.


Premièrement, et ça va sembler évident, mais quand vous entrez dans un coup en limpant, vous ne pouvez pas voler les blindes. Et ça a une importance capitale car les blindeurs réalisent leur equity gratuitement là où vous auriez pu simplement réaliser un vol propre et sans variance. Voyez les choses comme ça : si vous limpez paire de 2 et qu’un joueur en big blind check J3o et touche son 3, et que vous perdez le coup, c’est entièrement votre faute.


Le second argument est aussi majeur, mais dépendra plus de l’agressivité de la table en général. Quand vous limpez, n’importe quel joueur en position sur vous (bon ou mauvais) peut vous isoraise et faire de vous sa bitch. Le principe de l’isoraise est simple : un limper limp une poubelle, une main à potentiel ou n’importe, je l’isole cher avec une bouse, les joueurs derrière foldent, le limper paye, rate le flop la majorité du temps et grâce à la position je cbet super souvent et il se couche super souvent.


Schéma hyper classique qui se répète inlassablement. Allez checker mes vidéos dans lesquelles je répète l’opération des centaines de fois pour vous en convaincre. Le joueur qui limp est hors de position et sans l’initiative, il est condamné à toucher son jeu pour s’en sortir et quand bien même il aurait la chance de frapper fort le flop, il n’aurait aucun moyen de parvenir à le rentabiliser facilement.


Néanmoins, tout n’est pas à jeter dans l’action de limp, on peut monter des stratégies complexes et équilibrées (Comme Rectalizer, un reg MTTs spécialisé dans l’open limp équilibré) ou encore une stratégie simplissime basée sur l’ultra-exploitation des leaks du field (comme Yohviral sur les MTTs live).
Prenons par exemple l’open limp au bouton : dans certaines situations en mtts, les blindeurs ont tendance à trop resteals les voleurs en position tardif, et les steals de blind deviennent moins rentable contre eux. En s’adaptant avec un limp, vous réduisez leur EV de push et les obligez à jouer une main qu’ils n’ont pas choisie hors de position. Cela a aussi l’avantage d’être très facile à équilibrer car on pourra aisément glisser un ou deux petit traps pour piéger les plus furieux d’entre eux.


Vous privilégierez donc des mains compactes qui ont une bonne jouabilité et un stack compris entre 16 et 25bb pour limper au bouton, afin d’en tirer le maximum de bénéfice.

À propos de l’auteur : Jonathan Perin, alias Bandecdc, est un joueur passé professionnel de poker en 2016 après une courte carrière dans la finance d’entreprise. Il est spécialisé dans les tournois à petit ou moyen buy-in (de 5€ à 30€). En aout 2016, il rejoint l’équipe de coach de Yohviral.fr et s’occupe aujourd’hui du  Club Padawan pour la partie tournoi.

Bandecdc

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