Sous ce terme anglophone barbare, se cache pourtant un concept très simple : card removal effect signifie « l’effet de retirer une carte », ou dit autrement le fait d’avoir une carte dans votre main prive l’adversaire de l’avoir lui-même, au risque d’enfoncer des portes ouvertes. On utilise ce principe notamment pour nous aider à cerner une range adverse, ou pour bloquer le jeu max.
Un concept que l’on retrouve principalement en Pot Limit Omaha, car dans cette variante, il est à la fois très facile pour son adversaire d’avoir le jeu max et par conséquent, très difficile pour un joueur d’aller à tapis sans avoir lui-même le jeu max.
Par exemple avoir deux dames dans sa main sur un board avec AKT diminue drastiquement la probabilité qu’un adversaire possède QJxx, et cela peut nous permettre de bluffer des brelans en se souciant moins de rencontrer des quintes. Autre exemple, avec juste l’as de cœur sur un board qui en contient 3, je sais déjà que mon adversaire ne peux pas avoir la couleur max et aura au mieux couleur au roi et si l’on représente nous-même couleur à l’as, il sera possible de réaliser un bluff très rentable.
Evidemment, les cas où l’on peut s’amuser à (essayer de) bluffer une seconde couleur max avec l’as sec en main sont beaucoup plus rares en No-Limit Hold’em, étant donné que ce sont des mains qui ont beaucoup plus de valeurs et qui sont plus difficiles à obtenir.
Beaucoup de joueurs (moi y compris) y seront la plupart du temps bien trop attachés pour réaliser le « hero fold » du tournoi. Cela étant dit, le card removal effect s’applique dans de nombreuses situations, notamment quand il s’agit de choisir une main pour un 4bet light.
Imaginez que je raise un as-merguez du bouton et que la small blinde me 3-bet. Sans as dans la main, il détient dans sa range de value 16 combos de AK (4×4, logique), ainsi que 6 combos de QQ, 6 de KK et 6 de AA. Soit un total de 34, qu’il équilibrera certainement avec un pourcentage important de bluffs, le tout pour atteindre une fréquence qui devrait atteindre environ 10% des mains totales. Le fait d’avoir un as en moins fait chuter ses combos de AK à 12 (puisque qu’il n’y a plus que 3 as dans le paquet) et les combos de AA à 3 (même chose).
Ses combos de value passent alors de 34 à 27 pour un pourcentage de bluff qui devrait rester sensiblement le même. En d’autres termes, dans cette situation un 4bet bluff avec un as-merguez sera environ 25% plus efficace que sans as. D’ailleurs, le raisonnement est le même si je possède un roi dans mon jeu puisque je bloquerais de la même façon AK et KK.
En conclusion, quand il s’agit de réfléchir à la range adverse, pensez bien à également compter les cartes que vous avez dans la main.
Bandecdc Pro du club Padawan